lundi 4 avril 2011

Le carnage linguistique de Singapour, nouveau modèle de Luc Chatel


Luc Chatel rappelle, dans une interview du Figaro, que "les Français ne sont pas bons en langue étrangère". Plusieurs études poussées ont en effet montré que les enfants de certains quartiers londoniens avaient un meilleur score au TOEFL que les petits Français ! Or, selon le Ministre de l'éducation, on peut très bien "apprendre l'anglais à Paris par visioconférence en dialoguant avec un enseignant basé à Londres." Un comité va d'ailleurs être chargé de faire des propositions en ce sens. En feront partie, entre autres, Suzy Halimi, "grande angliciste", Claude Hagège [petit galliciste?] et Claude Bébéar, l'assureur.

Il s'agira de révolutionner les mentalités. Selon le Ministre, "d'abord bien parler français avant d'apprendre une langue étrangère est absurde". Et de citer un exemple : "à Singapour, j'ai vu des enfants de cinq ans parler remarquablement anglais et chinois." [Ma petite voisine de 6 ans est bilingue kurde/français ce qui démontre que le modèle est transposable en France.]

En fait, le modèle singapourien est particulièrement intéressant en ce qu'il montre qu'une petite élite peut facilement imposer l'anglais et se débarrasser des cultures locales, dès lors qu'elle le fait sous le signe du pragmatisme. En 1958, moins de 20% de la population parlait une des 4 langues officielles (mandarin, tamoul, malais, anglais). Depuis, plus de 50 % des singapouriens ont abandonné leurs langues pour passer à l'anglais ou au mandarin. Bien sûr cette politique est approuvée à chaque élection puisque le parti [unique] est régulièrement réélu avec... 99 % des voix.